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Pensées pour la Suite des Jours...
26 février 2010

Un héros de notre temps - Mikhail Lermontov

h_rosJ'ai ressorti mon poussiéreux trésor de 1946 aux Editions du Chêne, pour relire ce qui fut le livre de chevet de toute une génération. Lermontov nous a laissé avec ce roman en prose sa vision du héros, archétype romantique du jeune homme désabusé, véritable « enfant du siècle » russe.

Lermontov mourra a 27ans, quelques mois après la publication de « Un héros de notre temps », au cours d’un duel à l’endroit précis où se déroula celui que mène le héros de son roman.

La première partie du roman nous raconte l’histoire d’un jeune-homme désabusé et orgueilleux, qui prend pour cible une jeune fille, et par un jeu subtil et cruel la fait tomber amoureuse de lui et, son but accompli, la rejette: « le jeu a assez duré ». On découvre en seconde partie le journal de ce même jeune-homme, et là, c’est une révélation !!!

Le "Journal de Petchorine" dévoile une âme saillante qui se livre sans concession, et livre sa tendresse, sa cruauté aussi... Une âme lucide dans son désir d'être admiré et de faire souffrir à la hauteur de ses déceptions passées. On découvre, derrière les traits classiques de l'homme aimé cruel et indifférent, une désillusion profonde, un ennui des vanités mondaines et une soif de vérité inconditionnelle. Parmi cette étude ciselée de la psychologie amoureuse et de ses dangers, je voudrais vous citer mille passages, tant à chaque page, Lermontov m'a éblouie. En lisant "Un héros de notre temps", chacun retrouve un peu de ce qu'il ne s'avoue pas, ne sait exprimer, ou de ceux par qui il a souffert.

On rencontre beaucoup de Petchorine aujourd'hui, disons plutôt que l'on retrouve chez des milliers ses mêmes défauts, sans qu'ils aient sa droiture! Je suis, à chaque lecture, verticalisée par les confessions de ce triste et orgueilleux (anti)héros ! Ce livre est un testament magnifique et précieux, à lire et à conserver pour la suite des jours!

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EXTRAIT:

"Dis-moi, enfin, murmura-t-elle: cela te fait-il tant plaisir de me martyriser? Je devrais te hair. Depuis que nous nous connaissons, tu ne m'as rien donné si ce n'est la souffrance... Sa voix tremblait; elle se pencha vers moi et laissa tomber sa tête sur ma poitrine.

"Peut-être, pensais-je, est-ce justement pour cela que tu m'as aimé: les joies s'oublient, mais les chagrins jamais..."

... Je vais m'amuser... M'amuser... Oui j'ai déjà dépassé cette période de la vie morale où l'on ne cherche que le bonheur, où le coeur éprouve la nécessité d'aimer quelqun puissamment et passionémment, maintenant je ne veux plus qu'être aimé, et encore par très peu d'êtres; même il me semble qu'un seul attachement permanent suffirait à me contenter; pitoyable accoutumance du coeur!..."

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