Lettres Portugaises, Guilleragues

Cet opuscule d’une cinquantaine de pages est composé de cinq lettres que Mariane, religieuse abandonnée dans son couvent portugais, écrit à son amant français qui l’a délaissée. Les Lettres portugaises racontent l'histoire émouvante d'une amante abandonnée qui revient à la vie à travers l'écriture.

La première lettre est un accès de tristesse explosive et naïve, où elle presse son amant de lui écrire et de la rejoindre. La seconde lettre fait place aux reproches, et au fil des lettres, Marianne se détache peu à peu de son esclavage en se délivrant grâce à l’écriture, par une introspection de plus en plus lucide et jusqu’à la prise de conscience qui la pousse à envoyer sa dernière lettre : Un adieu, dicté non par son cœur mais par sa volonté : celle de refuser d’être une fois de plus humiliée par cet amour à sens unique.

Dès sa parution en 1669, le livre s'impose comme un modèle de correspondance amoureuse. Pendant longtemps, cependant, la polémique fait rage : s'agit-il d'une fiction, comme le soutient Rousseau, ou de lettres authentiques ? Il aura fallu presque trois siècles pour que le texte soit rendu à son genre, le roman épistolaire, et à son véritable auteur, le poète et diplomate Guilleragues. Merveilles pleines d’accents élégiaques dignes d’une grande tragédie classique, ces lettres étaient tombées dans l’oubli. A l'heure où la vie va si vite, où l’on chatte, textote, maile et twitte, le chant solitaire de cette religieuse portugaise est un ravissement pour l’esprit et un rafraichissement pour le cœur.

Rilke, qui les traduisit en allemand, en fit cet éloge: « Les paroles de cette religieuse contiennent le sentiment tout entier, ce qu'il a d'exprimable et ce qui est en lui indicible. Et sa voix est pareille à celle du rossignol, laquelle n'a pas de destin. »

Comments

[suitedesjours]

Merci Céline! si tu patientes quelques jours, je te prépare un article sur un livre absoluement subliiiiiime, du même genre mais, (pour ma part) plus touchant encore! Enfin, le mieux, c'est de lire les deux et de comparer ;-)

[Céline]

Tu en parles merveilleusement bien, et me donne très envie de les lire.
C'est noté !