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Pensées pour la Suite des Jours...
30 mars 2010

L'été de la Honte, de Branimir Scepanovic

honteScepanovic, vous le connaissez déjà pour "La bouche pleine de terre". Quoi, je ne vous ai pas encore recommandé ce livre??? Je ne peux croire à une négligence aussi grossière! Pour ma défense, j'ai fait une pile de livres dont il faut absolument que je vous parle, mais il faudrait que je les relise tous pour ne pas raconter de bêtises et le temps me manque.

Scepanovic donc, et L'été de la Honte.J'étais très curieuse de dévouvrir ce petit bouquin après avoir lu La Bouche pleine de Terre. S'il n'est peut être pas aussi fort, il mérite pourtant qu'on s'en empare dare-dare! Un homme revient dans son village natal des montagnes serbes après une absence de plusieurs années, avec l'intention d'impressionner les villageois qui l'en avaient chassé à demi-mort des années auparavant. Désir de reconnaissance, de vengeance, de pouvoir, Isak devient grâce aux mensonges et sous-entendus d'un gamin plus rusé que les autres, la terreur de tout le village: la nouvelle se répand partout qu'il détient le Pouvoir. Respecté, craint et objet de toutes les sollicitudes, Isak a atteint son but et pense avoir trouvé des amis parmi eux, jusqu'à ce qu'il leur dévoile sa sollitude et la supercherie: il est comme eux, un homme.

Scepanovic brosse le portrait du coeur humain dans tout ce qu'il a de plus mesquin. C'est une radiographie sans pitié d'une communauté déchirée par la bêtise, la rancoeur, l'envie, la cruauté, l'hypocrisie, la couardise, avec pour référence de sagesse un prêtre alcoolique, féroce ennemi de Dieu, dans ce village écrasé de soleil "où les plantes et la poussière ont leurs odeurs, sur une terre abandonnée par l'amour".

"N'ayez pas peur, dit-il, il ne peut rien vous faire, parce qu'il croit vous avoir vaincus. (...) Si Isak était resté dans le vaste monde, s'il avait résisté au désir de venir vous affronter, s'il avait eu la force de ne pas essayer de vous prouver quelque chose,  s'il vous avait oubliés ou du moins refoulés en lui jusqu'à l'indifférence, je dirais alors qu'il vous a vaincus. En fait il se croit plus fort que vous, mais il se trompe."

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