Le maître des âmes – Irène Nemirovsky

L’histoire nous projette à Nice, en 1920 dans la vie de Dario, jeune médecin affamé fraichement débarqué d’Europe Centrale, pour qui ne compte au monde que  le bonheur de sa femme Clara, et de leur fils Daniel. Au début du roman, Dario peine à se faire une clientèle et accepte de pratiquer un avortement clandestin sur une flamboyante aventurière new-yorkaise afin de sauver sa famille de la déchéance. Redoutant par-dessus tout la pauvreté, il multiplie les expédients, jusqu’à avoir l’intuition de génie qui fera son succès : précédant la théorie psychanalytique, il abuse son entourage en promettant de guérir les âmes grâce à une nouvelle méthode, fruit de longues recherches personnelles. Il devient charlatan à la mode, gourou d’une clientèle dépressive, et grisé par sa fulgurante ascension sociale, va perdre ce qu’il avait de plus précieux en devenant très riche.

Le Dario honnête et écrasé de soucis qui arrive à Nice, devient égoïste et haïssable à mesure que lui même découvre ses vraies ambitions. La vanité, les rouages de l’ambition mondaine, la réussite, auront raison de tout ce qui nous est sympathique chez Dario, Seul l’amour de sa femme Clara illumine le roman d’une paix et d’une intemporalité lumineuses.  Irène Nemirovsky trace avec brio des portraits de héros complexes, déchirants, attachants, admirables ou détestables, et tous magnifiquement, ou terriblement, humains. Un chef d’œuvre !